Porto Alegre
Après un voyage plus court que les précédents (450 bornes) qui a pour inconvénient de m’imposer un premier contact avec la capitale du Rio Grande do Sul à 5 heures du matin et 19°C (ouais ouais, je vous entends déjà, mais je vous assure que perdre presque 20°C en une journée, c’est particulier), je me demande si j’ai bien fait de m’imposer cette halte avant de poursuivre mon voyage vers l’Uruguay. La suite me prouvera que oui.
Mais comme je ne le sais pas encore, je végète un peu sur un banc, je pense aux filles quittées hier soir et qui ont poursuivi leur route au nord, c’est-à-dire où il fait encore plus chaud qu’hier, je me rappelle de ma polaire et de mes baskets peu utilisées depuis quelques semaines, je mange un sandwich bien dégueu dans la première lanchonete qui ouvre puis me renseigne de la direction de l’arrêt des bus, où j’aurai quelques difficultés pour monter dans celui qui me conduira vers l’hostel que j’ai choisi en me fiant aux commentaires de Tripadvisor. Je n’ai toujours pas compris pourquoi 3 chauffeurs de bus qui affichent hospital me disent ne pas y aller... Au quatrième, c’est bon.
Si je suis ici, c’est dans la perspective de passer quelques jours dans un village rural proche. Ce sera dans 4 jours. 4 jours ici... Il fait vraiment froid.
Après une petite sieste, je quitte ma chambre pour découvrir celle qui s’appelle quand même port joyeux (ou port gai selon google translate). Le centre-ville est animé, plusieurs rues commerçantes, des vendeurs de portables à la sauvette qui se sauvent à l’arrivée pépère des policiers, un trio intriguant, un mercado central actif, etc. Le musée d’histoire de l’Etat est fermé. J’essaye de visiter les docks en pleine « revitalisation », mais un conflit latent entre deux entreprises de sécurité m’en empêche.
C’est en me renseignant sur l’emplacement des bons magasins de vêtements (d’automne) que je sympathise avec un type du coin, DJ et voyageur, qui me fait découvrir la lanchonete do parque, endroit que je conseille à qui passe par ici, pour 12 R$, un grand jus de fruits frais et un hamburger à la mode locale ( on dit X-burger ici, prononcez Chich burger).
2ème jour : internet et centre commercial.
C’est vêtu de ma nouvelle chemise et de mon nouveau pantalon que je me rends en soirée dans un bar que l’on m’a (bien) conseillé. Je sympathise avec qui s’avère être un employé de l’établissement en congé. Résultat, je fais la fermeture, accompagne du regard le ménage, me retrouve sur un porte-bagage puis dans une espèce de grand appartement transformé en micro-boîte électro. Cool.
Le lendemain, c’est samedi. C’est jour de foire artisanale.
Ce type s'appelle pancho et il vend des tee-shirts sur lesquels il a au préalable peint des icônes du foot : https://www.facebook.com/PanchoCamisetas
Idée bricolage : percer, à l'aide d'une perceuse, des vinyls. Selon l'artiste, seul un espagnol le ferait en Europe. Il y a de la part de marché à prendre.
C’est aussi jour de relâchement sur les bancs et les pelouses du parque da redenção. Je prends la mesure de la consommation locale de chimarrão, le maté local. Au moins 2/3 des groupes sont munis d’un thermos pour conserver l’eau chaude qu’ils verseront dans la cuia (prononcez couillia) qu’ils ont bien en main. Un cuia pour tous et on fait tourner.
Certains ont fini l'université, d'autres l'ont commencé la semaine dernière, mais pour tous la foi en l'avenir.
C’est aussi jour du Beatles Day, évènement sponsorisé par Heineken (bien implantée au Brésil) pour commémorer l’oeuvre des quatros garrotos de Liverpool. Il y a foule dans la Cidade Baixa pour des concerts de reprises et la projection du film a hard day’s night (je ne connaissais pas, j’ai bien aimé, alors je vous ai trouvé le lien). Les concerts rocks gratuits en plein air ne sont pas légions par ici (selon ce qu’on m’a dit), il y a foule, beaucoup de tee-shirts rock (des bouches qui tirent la langue, 4 copains sur un passage clouté, jim morrisson, etc, les mêmes quoi).
Du coup, il y a trop de monde, compliqué de se déplacer et de profiter du concert, les recommandations de tranquillité lancées au micro par les organisateurs ne respirent pas la sérénité. Mais ça reste une belle soirée. Avec mes nouveaux copains, je découvre la cantine Tudo pelo social (lieu typique de la ville, beaucoup de monde le dimanche , prix plus qu’abordable, à faire) et un nouveau bar. Et puis c’est fini.
Le dimanche, c’est sur le vélo loué à l’auberge (5 euros la journée ) que je m’élance direction le Rio Guaiba. Première visite : Fondation Iberê Camargo. Dans un bâtiment dessiné par le Portugais Alvaro Siza Vieira, j’ai pu profiter de l’exposition des oeuvres du feu Iberê Camargo, artiste brésilien dont la femme a désiré la création de cette fondation. Sont aussi présentées des travaux d’Antonio Dias, également brésilien.
Une fois la visite finie et un café partagé avec un charmant couple francophile, je reprends mon pédalage vers le nord/nord-ouest. En chemin, j’ai croisé ça :
Des supporters de l'Internacional, l'un des deux clubs de la ville, qui préparent le spectacle d'ouverture du prochain match. Ils se réjouissent bien que ...
... les travaux de leur nouveau stade aient un sérieux retard. Comme il doit accueillir des matchs de la Coupe du Monde, dont le France-Uruguay du 15 juin, quelques jours plus tard, l'assemblée de l'Etat, suite à un débat passioné, votera une ralonge de près de 10 millions d'euros pour les derniers pots de peintures. Et le 29 mars, un ouvrier de 23 ans chutera de 10 mètres sur le chantier aussi en retard du stade Corinthians à São Paulo. Il n'était pas attaché à l'échafaudage. Pour l'employeur, c'est de la faute du décédé. Ça sent le bouclage de chantier à l'arrache.
C’est avec mon nouveau sweat-capuche dans le sac, acheté lors d’un arrêt dans un grand centre commercial ouvert le dimanche, comme la plupart ici j’ai l’impression, que je m’installe, comme de nombreux porto-alegrense, sur les berges, afin de profiter du pôr do sol.
Et comme je suis curieux et presque breton, tout ce qui se nomme crêpe m’importe. J’ai testé pour vous la crêpe goyage-fromage et fromage-chocolat (je crois).
Pas validé du tout.
On me dira plus tard que ce truc serait inspiré des crêpes suisses. Comme quoi, quand on n’a pas les bonnes références...
Après un petit guaraná pour le goût, je pénètre dans le gasômetro !
Ancienne usine de production d’énergie inaugurée en 1928, mise à l’arrêt en 1970 et réhabilitée en centre culturel en 1991, le gasômetro accueille dans ses 18.000 m² spectacles, expositions, ateliers, restaurants, etc.
Alors qu’un festival de danse touche à sa fin, je parcours l’exposition de Sebastião Salgado. Le travail du photographe que j’avais découvert un mois auparavant dans un musée de Belo Horizonte, capitale de son État d’origine, me plaît beaucoup. L’exposition en question se nomme Genesis et en voici la présentation :
« Genesis est la grande exposition de Sebastião Salgado, un hommage photographique sans précédent à notre planète. Les 245 photographies exposées, au terme de huit ans de travail et d’une trentaine de voyages à travers le monde, sont présentées selon un parcours en cinq chapitres géographiques ("Aux confins du Sud", "Sanctuaires naturels", "Afrique", "Terres du Nord", "Amazonie et Pantanal"), qui sont autant de régions du monde explorées par Sebastião Salgago pour nous révéler la nature de notre planète dans toute sa splendeur . » (source)
Iceberg entre l'île Paulet et les îles Shetland du sud dans la Mer de Wedell, Antartique, 2005, Sebastião Salgado
Les zoés sont l'unique tribu connue à utiliser le porturu, cette extension de bois qui traverse et se projete dans la lèvre inférieure. Pará, Brésil, 2009, Sebastião Salgado
Je participe ensuite à la fermeture d’un nouveau bar puis j’entame mon retour, je discute quelques minutes avec un gardien de parking alors qu’il replace à l’aide de son marteau la pédale gauche de mon vélo dont la chute faillit provoquer la mienne, et termine le chemin vers mon lit.
Dans quelques heures, je quitterai PA pour une nouvelle destination.
Eh bien, c’était plutôt cool, et finalement, il a fait chaud.